J-1 : LIÈGE-BASTOGNE-LIÈGE INFOS
20 avril 2024 - 18:05
Liège-Bastogne-Liège se présente traditionnellement comme la grande finale de la saison des classiques. Pour sa 110e édition, l’attention se porte à un degré maximal sur le match entre Tadej Pogacar et Mathieu Van der Poel. Le vainqueur 2021 vise de remporter un sixième « Monument » qui le placerait à égalité avec le champion du monde, quant à lui engagé dans la quête d’un éventuel triplé Flandres-Roubaix-Liège qui n’a jamais été réalisé dans l’histoire du cyclisme.
Les deux favoris, qui ont eu l’instinct d’éviter les conditions extrêmes de la Flèche Wallonne mercredi dernier, ne manqueront tout de même pas de contradicteurs. Tom Pidcock et Mattias Skjelmose, tout comme Dylan Teuns, Stephen Williams, Santiago Buitrago, Tobias Johannessen ou encore Simon Yates chercheront la faille pour dépasser le duel annoncé.
La cote des Français a pris de la valeur avec les performances réalisées sur la Flèche Wallonne, notamment par Kevin Vauquelin (2e), Benoit Cosnefroy (4e) ou Romain Grégoire (7e). Des candidats comme David Gaudu, Valentin Madouas, Guillaume Martin et Romain Bardet tenteront aussi de peser sur la course.
JEAN-MICHEL MONIN : « LE VENT DE FACE A TENDANCE À RETARDER LES ATTAQUES »
Après les conditions exceptionnellement difficiles que les coureurs ont dû affronter sur la Flèche Wallonne mercredi dernier, la question de la météo est présente dans tous les esprits à la veille de Liège-Bastogne-Liège. Et si le thermomètre a quelques chances d’atteindre les dix degrés dans le courant de l’après-midi, c’est un vent annoncé de face sur le trajet du retour vers Liège qui pourrait influer sur le scénario de la course. Dans l’optique du duel attendu entre Tadej Pogacar et Mathieu Van der Poel, il se pourrait même que ce paramètre aille dans le sens du champion du monde, comme l’explique Jean-Michel Monin, responsable du parcours : « un vent qui souffle de face a tendance à retarder les attaques et cela pourrait l’avantager, il a intérêt à ce que la course se joue au sprint en petit comité, même s’il peut lui arriver de se faire battre. Quant à « Pogi », ce serait davantage dans son registre d’attaquer de loin, mais tout de même pas autant que sur les Strade Bianche. Je vois bien son équipe commencer à imprimer un rythme très rapide à l’approche des passages stratégiques, c’est-à-dire dès la côte de Mont-le-Soie, à une petite centaine de kilomètres de l’arrivée. Et de la même manière que Remco Evenepoel a attaqué les deux dernières années dans la côte de la Redoute, il est tout à fait capable de le faire aussi. En revanche s’ils sont encore une poignée de favoris à l’avant dans la côte de la Roche-aux-Faucons, il pourra commencer à s’inquiéter sur ses chances de battre MVDP dans le final ».
TADEJ POGACAR : « CHACUN SAIT QUE VDP EST CAPABLE DE TOUT »
Le vainqueur de l’édition 2021 s’est construit cette année un programme de courses minimaliste dans la perspective d’un enchaînement Giro-Tour de France, mais prépare soigneusement toutes ses apparitions. Cette stratégie lui a notamment permis d’éviter d’aller défendre son titre sur la Flèche Wallonne : « j’étais très heureux de m’entraîner à la maison, sous le soleil et avec 20 degrés ! ». Avec une tendresse particulière pour la Doyenne, qui a été le premier « Monument » inscrit à son palmarès, Pogacar assume son rôle de favori et a naturellement identifié Mathieu Van der Poel comme l’un de ses principaux rivaux. « Je suis impatient de rouler contre lui, détaille le Slovène. Cette course correspond davantage à des grimpeurs qu’à des gabarits comme le sien, mais chacun sait qu’il est capable de tout. Ce qu’il fait cette année est incroyable, il est à un niveau phénoménal sur toutes les courses qu’il vise. C’est le coureur des très grandes courses. En réalité, il est tellement fort que ce n’est pas réellement amusant de courir contre lui ». Le double vainqueur du Tour s’attend toutefois à une bataille ouverte plutôt qu’à un face-à-face avec le champion du monde : « Il y a un bon nombre de prétendants, tous ceux qui étaient dans le Top 15 de la Flèche et de l’Amstel peuvent jouer à l’avant de la course. Pour la Flèche, mon premier pronostic était Mattias Skjelmose, et le deuxième Stephen Williams ».
VAN DER POEL : « POGACAR EST TRES DUR À BATTRE, MAIS JE VAIS ESSAYER »
Le coureur néerlandais a particulièrement honoré le maillot de champion du monde depuis le début de l’année, en s’imposant sur le Tour des Flandres et sur Paris-Roubaix. Dans une forme éblouissante, Van der Poel se lance dans une conquête inédite, pour laquelle il sait que Tadej Pogacar sera son principal adversaire. « Je me sens plutôt bien et c’est ma dernière classique du printemps, alors je vais tout donner encore une fois, annonce sobrement le plus redoutable chasseur de ‘’Monuments’’ en activité. Je crois que les jambes vont jouer davantage que la tactique sur une course comme celle-là. On sait que Pogacar est très dur à battre, mais je vais essayer. Ce sera difficile pour moi et pour tous les autres coureurs du peloton, mais il faut y aller. Il y a un paquet de prétendants, on a vu que Pidcock était en forme sur l’Amstel, Skjelmose fait aussi du bon boulot et il y a un certain nombre de très bons grimpeurs ».
TOM PIDCOCK : « JE M’ATTENDS À SOUFFRIR… ET JE SUIS PRÊT À ÇA »
Bien qu’il ait abandonné mercredi dernier sur la Flèche Wallonne, Tom Pidcock fait partie des hommes en forme du moment, vainqueur de l’Amstel Gold Race le week-end dernier. Le leader des Ineos Grenadiers a déjà une référence très encourageante sur la Doyenne, puisqu’il a terminé deuxième en 2023 derrière Remco Evenepoel. « J’ai vraiment bien couru l’année dernière. Tactiquement et physiquement, j’ai donné tout ce que je pouvais, je peux être fier de ce podium sur un « Monument », mais je cours aussi après ma première victoire, c’est ce que je vise à chaque fois que je suis au départ. Liège-Bastogne-Liège est une de mes courses préférées, mais je m’attends à souffrir… et je suis prêt à ça ». Dans le clan Ineos, Pidcock pourra compter sur le soutien d’Egan Bernal, de retour à la compétition depuis sa 3e place sur le Tour de Catalogne. Le champion colombien n’a jamais couru en Belgique, à l’exception des deux premières étapes du Tour 2019 qu’il a terminé en jaune à Paris.
DYLAN TEUNS : « J’AI LA FORME POUR ÊTRE DANS LE MATCH »
C’est un véritable coup de force qu’a réalisé Stephen Williams en s’imposant au sommet du Mur de Huy. Après avoir décroché cette première victoire de prestige, le Britannique se présente pour son baptême de la Doyenne avec les plus hautes ambitions : « Nous allons essayer de prolonger ce ‘’momentum’’, je suis très excité de découvrir cette course. Nous avons fait des reconnaissances hier et c’était très précieux de pouvoir repérer les côtes les plus importantes ainsi que les descentes techniques. Jakob Fuglsang, qui a déjà gagné ici, a pu partager son expérience et sa présence dans l’équipe sera une grande force pour nous ». Au-delà du vainqueur 2019, la formation Israel-Premier Tech a aussi l’opportunité de tabler sur Dylan Teuns, qui s’est hissé deux fois dans le Top 10 à Liège (6e en 2022) : « Les côtes de la Doyenne me correspondent très bien, explique l’un des coureurs belges qui pourraient succéder à Remco Evenepoel au palmarès. Je crois que j’ai la forme pour être dans le match demain. Notre équipe fait un super début de saison, il faut qu’on continue comme cela et c’est aussi un avantage de pouvoir jouer plusieurs cartes. Nous sommes prêts ».
VALENTIN MADOUAS : « ON VA FINIR À L’ARRACHE »
Le collectif Groupama-FDJ aligne plusieurs coureurs français capables de se distinguer sur les classiques. Parmi eux, Valentin Madouas s’estime prêt à boucler en beauté la séquence du printemps et vise le trio de tête qu’il a déjà atteint au Tour des Flandres en 2022. « On se sent bien, se réjouit le champion de France, l’équipe fait une bonne saison de classiques et à titre personnel j’ai de bonnes sensations. Je me suis classé deux fois dans le Top 15 sur les deux premières Ardennaises, et maintenant je viens ici pour essayer de faire mieux que l’année dernière. La 5e place c’était déjà très bien, mais si je termine par un podium, ce serait une campagne de classiques très réussie. Je vois bien le collectif UAE Emirates se mettre à rouler très fort dès que ça va commencer à grimper. Pogacar va certainement attaquer assez tôt pour décrocher Mathieu Van der Poel. Et ensuite, on va finir à l’arrache et donner tout ce qu’on a ». C’est justement l’année de la victoire de Pogacar que son coéquipier David Gaudu avait terminé sur le podium de la Doyenne (3e). Cette année, la formation de Marc Madiot pourrait aussi assister à un coup d’éclat de Romain Grégoire, qui découvrira Liège-Bastogne-Liège mais a fait forte impression sur son baptême de la Flèche Wallonne en prenant la 7e place.
SIMON YATES : « TOUJOURS FORMIDABLE D’ÊTRE AU DÉPART »
Si Tom Pidcock et Stephen Williams ont été les deux « British » qui ont pris la lumière cette semaine, c’est peut-être un troisième coureur anglais qui va tenter de poursuivre cette série ardennaise victorieuse. C’est avec cet objectif que Simon Yates se présente pour la troisième fois de sa carrière, après un début de saison qui l’a vu gagner l’AlUla Tour : « C’est toujours formidable d’être au départ de cette course emblématique, même si le temps est devenu froid et humide, constate le leader des Jayco-AlUla. Nous savons que ce sera long et difficile, mais l’équipe a bien couru ces derniers temps, nous sommes déterminés. C'était beau de voir deux vainqueurs britanniques à l'Amstel et à la Flèche et j'aimerais bien gagner à Liège un jour, c'est une course très spéciale ».